Puisque les animaux ne peuvent exprimer leur douleur avec des mots, l’évaluation et la prise en charge de leur douleur est assez complexe mais nécessaire.
Les différents types de douleur
Il existe plusieurs types de douleur :
La douleur aiguë, appelée aussi nociception.
C’est un phénomène physiologique normal. La nociception (du latin nocere, nuire) permet d’éviter, de façon réflexe, les stimulations portant atteintes à l’intégrité physique de l’organisme (froid, chaud, pression, piqûre, coup, décharge électrique) et se traduit par des réponses de fuite ou de retrait d’une partie du corps. La nociception existe chez la plupart des animaux.
Cette douleur est physiologiquement essentielle car elle informe notre organisme d’un incident potentiellement dangereux. Elle participe à nous protéger des agressions. Tester la présence de cette douleur permet également au vétérinaire d’avoir d’importants renseignements sur l’intégrité du système nerveux : en effet, si le système nerveux ne peut pas conduire l’information douloureuse correctement, c’est qu’il est endommagé. C’est le cas, par exemple, lors de hernie discale ou delésions de la moelle épinière.
Dans cette catégorie de douleur, on trouve également des douleurs induites par des actes vétérinaires réalisés pour la santé et le bien-être de l’animal. Cela peut paraître, d’ailleurs, assez contradictoire ! Ce sont, par exemple, les douleurs engendrées par une intervention chirurgicale (incision de la peau, incision d’un muscle, ablation d’un organe…), ou bien la douleur engendrée par la réalisation de certains examens permettant de poser un diagnostic. Ainsi la radiographie d’un membre fracturé est un bon exemple de ce cas de figure.
Dans ces cas particuliers, le degré de douleur peut être évalué à l’avance et la douleur prévenue avant qu’elle n’arrive. C’est le casdans votre clinique vétérinaire. Nous vous proposons ainsi régulièrement de réaliser certains actes diagnostiques sous anesthésie par exemple, afin de ne pas faire mal à votre compagnon. De même, lors de toutes les interventions chirurgicales, un protocole de prise en charge de la douleur est mis en place dès l’arrivée de votre animal à la clinique, et se poursuit plusieurs jours après l’opération.
La douleur chronique
La douleur chronique, en revanche, est une sensation douloureuse qui se prolonge dans le temps et qui n’a aucun rôle de protection de l’organisme. Il s’agit, par exemple, de douleurs liées à des maladies que l’on ne peut pas guérir, telles que l’arthrose ou certaines douleurs cancéreuses.
Ces maladies sont de plus en plus fréquentes, notamment par l’augmentation de l’espérance de vie de nos compagnons. Il est donc nécessaire, lors notamment des bilans de santé annuels sénior, de prendre le temps de vérifier ensemble la présence ou non de ce type de douleur. Ces bilans de santé sénior permettent également de pratiquer le rappel de l’injection vaccinale, quand cela est toujours pertinent.
Évaluer la douleur : comment savoir si mon animal souffre ?
Il existe différents moyens pour vous, à la maison, de repérer si votre animal souffre. Ces éléments sont importants à signaler à votre vétérinaire car ils viennent efficacement compléter l’évaluation que le praticien pourra faire en consultation.
1. Les modifications du comportement
Chaque animal réagit différemment, mais il n’est pas rare d’observer des signes d’agressivité, notamment envers vous ou plus particulièrement envers les enfants de la maison. En effet, ceux-ci sont un peu turbulents, peuvent jouer brutalement avec l’animal, et celui-ci peut ne plus tolérer ces contacts alors que l’animal a toujours vécu avec ces petits maîtres !
Certains ne font plus la fête à votre arrivée, ne veulent plus jouer, ne veulent plus sortir de leur panier, ou encore ne se poussent pas alors que vous arrivez en voiture devant la maison…
2. La position
Certaines positions prises par l’animal peuvent être assez évocatrices, comme la « position du prieur », avec l’arrière train levé et l’avant du corps couché, qui évoque généralement une douleur abdominale. Certains animaux vont marcher le dos voussé, lors de douleur lombaire (hernie discale) tandis que d’autres garderont la tête basse (cervicalgie, maux de tête).
Lors d’une douleur au niveau d’un membre, on pourra noter une boiterie plus ou moins importante : l’animal peut boiter tout en posant encore la patte mais sans mettre de poids dessus (arthrose), ou bien encore ne plus se servir de sa patte du tout ou encore de façon anormale (comme la garder à l’envers sur le sol avec les doigts qui traînent).
3. La baisse d’appétit
Si vous n’aviez qu’un seul point à garder en tête, c’est bien celui-ci ! Ne dit-on pas, « Quand l’appétit va, tout va ! » ?
Un animal qui a mal a tendance à manger moins voire plus du tout. Il peut rester friand de ses gourmandises, mais ne plus vouloir manger ses croquettes habituelles par exemple ou bien préférer manger de la pâtée, moins difficile à mâcher.
Certains animaux ont également du mal à s’alimenter car la gamelle est dans une pièce accessible par une chatière difficile à traverser, ou avec des marches à monter/descendre, ou encore tout simplement parce que le point d’alimentation est trop éloigné du lieu où votre chien ou chat passe le plus clair de son temps maintenant…
Ainsi la pesée lors de chaque bilan annuel de santé, et lors de chacun de vos passages à la clinique, est recommandée !
La consultation douleur
Depuis le mois d’avril 2017, la clinique vétérinaire des Acacias fait partie du réseau CAP Douleur. Depuis de longues années déjà toute l’équipe est sensibilisée à la prise en charge de la douleur de votre compagnon, mais l’entrée dans ce réseau suite à la participation de l’équipe à une formation spécifique, nous a ouvert de nouvelles approches thérapeutiques.
Nous sommes à même maintenant de vous proposer de véritables consultations douleur, dont le propos est d’évaluer la douleur de votre animal par l’utilisation de grilles d’évaluation spécifiques. Cette évaluation conjointe (vétérinaire/propriétaire) permet d’obtenir un résultat objectif et qui peut être suivi dans le temps. Nous avons donc des outils permettant de vérifier la diminution de la douleur chez votre compagnon, et de lui assurer un confort de vie compatible avec son quotidien. Quoi de mieux que de voir vieillir son animal sereinement ?
La prise en charge de la douleur
La prise en charge de la douleur aiguë se fait en règle générale assez simplement. C’est le cas lors de chaque intervention chirurgicale.
Par contre, la prise en charge de la douleur chronique nécessite souvent l’utilisation conjointe de divers médicaments appartenant à différentes classes thérapeutiques, de perfusions lors de courtes hospitalisations, de massages, d’homéopathie, d’aliments spécifiques et/ou de compléments alimentaires, voire la réalisation de changements dans l’environnement de votre animal de compagnie.
Plusieurs options thérapeutiques pourront ainsi être choisies et utilisées simultanément. Cela permet souvent une synergie dans leur action et donc de meilleurs résultats.
Lors de l’utilisation de certains médicaments, il faudra s’assurer que nous ne sommes pas dans un cas de contre-indication : gestation, déficience de certains organes (reins, foie par exemple)… Nos vétérinaires vous proposeront donc parfois la réalisation d’une prise de sang notamment, permettant de mieux choisir le traitement adéquat à la situation physiologique de votre animal, et d’adapter les doses. Nous choisirons ensemble également la présentation de ces traitements : certains animaux ne prennent aucun comprimé, il est obligatoire alors de trouver une forme galénique différente type sirop ou établir un protocole d’injections par exemple.
Un suivi rigoureux est le gage d’une meilleure réussite, car ces douleurs chroniques, si elles se maîtrisent, peuvent parfois ressurgir sous forme de pics aigus. Cela ne remet jamais en cause le traitement de fond, mais il faut savoir y remédier rapidement pour le confort de votre animal !
Vidéo d’une chienne ayant subi une ovariectomie, opération chirurgicale qui a pris fin une heure avant ce film.