L’arthrose du chien et du chat
L’arrivée des températures plus fraiches annonce l’automne et l’hiver ! Souvent, en ces saisons, les rhumatismes, les douleurs articulaires, l’arthrose… semblent exacerbés.
Savez vous qu’un chien sur 5 souffre d’arthrose ? Et probablement plus de 90% des chats de plus de 12 ans ?
Est-ce que Médor ou Félix pourraient être concernés ? C’est parti pour quelques explications sur cette pathologie, fortement handicapante pour nos séniors, et dont la prise en charge a heureusement fortement évolué depuis quelques années.
Qu’est-ce que l’arthrose ?
L’arthrose est un vieillissement de l’articulation, aboutissant à sa modification anatomique. Le mouvement ne peut plus être le même, ce qui provoque une douleur et un handicap.
Toutes les articulations peuvent être atteintes, mais c’est souvent la hanche, le coude ou les vertèbres qui sont connus pour être les sites privilégiés de lésions arthrosiques.
Quels animaux sont plus fréquemment atteints ?
- Les chiens comme les chats peuvent avoir de l’arthrose.
- Les chiens de grand gabarit sont plus atteints que les petits.
- Les animaux en surpoids, chiens comme chats, ont plus de risque de souffrir d’arthrose.
- L’âge est également un facteur à prendre en compte, puisque cette maladie atteint plus fréquemment les seniors. Néanmoins, certains jeunes animaux peuvent développer de l’arthrose, suite notamment à des traumatismes articulaires (factures, entorse, luxation, déchirure des ligaments croisés etc) ou à un mode de vie prédisposant (alimentation carencée, sport avec impacts pratiqué de façon excessive et/ou avec des exercices inadaptés).
Quel est le mécanisme d’apparition et d’aggravation ?
Tout commence avec le cartilage de l’articulation qui se détériore pour diverses raisons (âge, traumatisme principalement). Le cartilage a pour but de protéger les os au sein de l’articulation.
Lorsque les os commencent à être « mis à nu », la douleur est extrêmement importante, et l’inflammation au sein de l’articulation est majeure. Le liquide qui est dans l’articulation (le liquide synovial) se modifie : il n’assure plus son rôle lubrifiant, et ce changement de composition auto-entretient et amplifie le phénomène de destruction. Un cercle vicieux s’installe, la douleur s’aggrave, il faut tout faire pour stopper cette spirale.
En réponse, l’articulation réagit, et on observe la formation de « bourgeons charnus osseux », qui ne remplacent pas le cartilage, mais qui -à terme- vont se souder, et provoquer le blocage de l’articulation. Cela aboutit évidemment à une diminution de l’amplitude des mouvements, mais aussi à une nette diminution de la douleur.
Comment savoir si mon poilu souffre d’arthrose ?
Que ce soit chez les chiens ou les chats, la manifestation de la douleur passe peu souvent par des vocalises ou des cris. Il faudra donc que vous soyez attentif au comportement de votre poilu.
Chez le chien
Les chiens souffrant d’arthrose ont très souvent des difficultés à se lever après une phase de repos (nuit, sieste). Ils sortent difficilement de leur panier, et peuvent boiter plus ou moins sévèrement.
Vous pouvez également observer une fonte musculaire plus marquée sur un membre que sur l’autre, signant un déficit de sollicitation de cette patte, à cause de la douleur.
Les chiens sont souvent moins joueurs, d’humeur moins gaie, et n’apprécient plus les balades comme auparavant. Certains trouvent des stratégies d’évitement pour ne plus monter les escaliers au cours d’une promenade pour préférer les passages par des plans inclinés. Il est souvent d’ailleurs plus difficile de les faire sauter dans ou hors du coffre de la voiture.
Ces signes ne doivent pas se résumer au constat que Médor vieillit, et que tout cela est inéluctable. L’arthrose est une maladie, et doit être prise en charge, afin d’améliorer la qualité de vie de votre toutou, et lui permettre de bien vieillir !
Chez le chat
Si les signes d’arthrose ne sont pas toujours évidents à voir sur un chien, ils sont encore plus subtils chez le chat !
Les chats atteints d’arthrose se mettent souvent en retrait : ils ne veulent plus qu’on les caresse ou qu’on les brosse. Nous voyons ainsi beaucoup de chats à poils longs pour des tontes thérapeutiques, les poils s’étant tellement emmêlés que l’on ne plus enlever les nœuds à la brosse ! Ce sont souvent des chats arthrosiques, dont la pathologie n’a pas été identifiée et qui ne sont donc pas traités, malheureusement.
Les chats ont du mal à se déplacer et s’alimentent moins : pour ceux dont la gamelle est posée en hauteur car ils cohabitent avec un chien, le repas devient une vraie torture, et on observe fréquemment un amaigrissement associé à une fonte musculaire. Les deux phénomènes sont délétères pour les articulations et aggravent le phénomène.
Tout comme les chiens, les chats qui souffrent d’arthrose deviennent moins joueurs, un peu soupe-au-lait et tristes… Tout cela doit vous alerter, car ces signes de douleur ne sont en aucun cas des signes de vieillissement. Une consultation s’impose, l’arthrose sera d’autant mieux prise en charge si le(s) traitement(s) sont mis en place dès l’apparition des premiers symptômes !
Que peut-on faire pour soulager nos poilus ?
La quasi totalité de l’équipe (autant assistantes que vétérinaires) a suivi différentes formations via le réseau CAP DOULEUR auquel la clinique appartient. Le but premier est de prendre en charge de façon optimale la douleur, quelle qu’en soit son origine. Bien évidemment, l’arthrose fait pleinement partie des maladies engendrant une douleur, qui doit être soulagée pour permettre à l’animal d’avoir le meilleur confort de vie possible !
A la clinique
De très nombreux traitements existent, et de nouveaux ont vu le jour récemment, comme les injections d’anticorps monoclonaux. Nous accumulons de plus en plus de connaissances sur l’utilisation de molécules jusqu’à présent utilisées seulement en médecine humaine, et que nous pouvons transposer chez nos poilus.
La prise en charge multimodale de l’arthrose est d’ailleurs recommandée : associer différents traitements permet la plupart du temps une synergie extrêmement intéressante, avec un recul de la douleur parfois complet !
Pour établir le meilleur plan de traitement, n’hésitez pas à prendre RDV dans le cadre d’une « consultation douleur » notamment. Il sera probablement nécessaire de faire un bilan sanguin ainsi que des clichés radiographiques. Pour des radiographies de qualité, et afin d’obtenir la position adéquate de votre poilu, il vous sera proposé de réaliser ces radiographies avec une tranquillisation : il faudra alors que votre animal soit à jeun, et que vous prévoyiez de nous le laisser une grosse demi-journée.
Nous pouvons également suivre l’intensité de la douleur en établissant des scores de douleur : ces scores sont calculés en fonction de la réponse de l’animal à certaines manipulations, de son comportement, et de bien d’autres paramètres encore. Le score de départ, puis les suivants, permettent de valider l’efficacité du traitement mis en place, et de programmer les ajustements nécessaires (doses, molécules etc).
La qualité et la composition de l’alimentation est également un axe de traitement : des aliments enrichis en oméga-3, dont les propriétés anti-inflammatoires sont reconnues, et/ou en chondro-protecteurs peuvent être proposés. Ces éléments peuvent également être apportés en complément de l’alimentation déjà en place pour votre poilu si vous ne souhaitez/pouvez pas modifier son régime.
Les médecines alternatives sont également à envisager : laser, homéopathie, phytothérapie … Et n’oublions pas la physiothérapie qui apporte de grands bienfaits ! Sa pratique est relativement aisée chez nous : si votre chien aime nager, amenez-le à la plage pour qu’il marche voire nage dans la mer !!
A la maison
Beaucoup de petits gestes du quotidien apportent un confort très important à l’animal arthrosique, et tous les membres de la famille peuvent participer !
Vérifiez la qualité du couchage : un matelas suffisamment épais ou à mémoire de forme permet à votre compagnon de dormir de façon confortable, et d’être moins douloureux au lever.
Vous pouvez également lui proposer de dormir plus au chaud, afin que les articulations se refroidissent moins : sous un plaid, avec une bouillotte… tout est envisageable si votre poilu le tolère et l’apprécie !
Surveillez son poids : le surpoids aggrave les lésions articulaires de façon très marquée. Soyez vigilant sur la quantité des croquettes distribuées, le nombre de repas, les friandises. Utilisez le verre doseur adapté aux croquettes choisies, et n’hésitez pas à nous demander conseil si vous pensez que votre animal prend du poids. N’oubliez pas également que la balance en salle d’attente est à votre disposition : vous pouvez venir à la clinique quand vous le souhaitez pour peser votre poilu !
Privilégiez les petites balades plus nombreuses et fréquentes plutôt que la grande promenade du dimanche. L’exercice régulier permet à votre poilu de ne pas trop se démuscler, ce qui a une incidence positive sur les articulations. Cela contribue en plus à maintenir son poids stable. Le bon traitement, c’est le mouvement !
Vous avez un chat ? Aidez-le à se déplacer : de nombreux chats aiment grimper en hauteur, mais n’en sont plus capables. En disposant les meubles un peu différemment, vous pouvez créer une sorte d’escalier, ou mettre en place des plans inclinés pour que Félix continue de faire sa sieste sur le haut de l’armoire !
Massez-le ! Ses articulations semblent rouillées ? Malgré tout ce que vous faites, il a du mal à marcher ? En mobilisant doucement ses 4 pattes, et en faisant fonctionner ses articulations, vous l’aidez ! Vous pouvez même employer un gel de massage dédié qui renforcera l’action de votre manipulation.
L’arthrose n’est donc pas une fatalité. Beaucoup de choses peuvent être mises en place pour permettre à votre compagnon de bien vieillir… car nous sommes tous d’accord, compte tenu de l’amour que nos poilus nous donnent, il est bien normal de les chouchouter jusqu’au bout !