Mon chien est-il atteint d’une mutation du gène MDR-1 ??

Qu’est-ce que signifie ce charabia ??? Si vous êtes l’heureux propriétaire d’un chien de race Colley ou d’un Berger Australien, vous en avez très probablement entendu parler. Mais sachez que ce ne sont pas les 2 seules races à risque, dont la liste s’allonge petit à petit… et intègre même des races de chat dorénavant !

Allez, on ne fait pas plus durer le suspense! On vous explique tout (ou presque) sur cette anomalie génétique qui modifie de façon importante la liste des traitements et notamment des vermifuges pouvant être employés sans risque chez ces animaux porteurs. En plein début de printemps, où traditionnellement on traite contre les parasites, il faut reconnaître que le sujet est brûlant !!

C’est quoi ce gène ?

Un gène est une séquence portée par un chromosome contenu dans le noyau de chaque cellule de notre corps. En bref, les gènes sont la « partition » qui permettra de construire tout ce qui constitue le corps de l’animal : les organes, le squelette, les vaisseaux sanguins… et même la couleur du poil ou des yeux !

Le gène MDR-1 est quant à lui responsable de la construction d’une petite protéine qui répond au nom de Glycoprotéine-P. Cette protéine est située dans la paroi des vaisseaux sanguins et permet (ou non !) le passage de molécules de l’intérieur du vaisseau sanguin vers l’organe qu’il irrigue. On pourrait dire qu’elle fait office de barrière de péage.

Les molécules circulant dans le sang sont extrêmement nombreuses :

* il y a l’oxygène, mais également tout ce qui découle du processus de digestion qui permet de nourrir et faire fonctionner les organes : tout cela a besoin de « rentrer » dans les cellules

* il y a également tous les déchets du fonctionnement de la cellule, qui sont eux « sortis » de la cellule, ne doivent pas y retourner et doivent être excrétés par les urines ou les selles par exemple.

Fonctionnement du transport des molécules.

Le cerveau, par exemple, est un organe particulièrement sensible et fragile qui tolère très peu d’erreurs, et doit être particulièrement protégé. Il est donc essentiel que ces glycoprotéines-P soient très performantes pour ne laisser entrer aucune molécule indésirable.

Parmi les molécules circulant dans le sang, nous n’avons pas encore cité les traitements qui peuvent être donnés dans diverses circonstances : maladie aigüe ou chronique, traitement vermifuge, antipuce… Chez un animal non porteur de l’anomalie, ces molécules circulent correctement et sont distribués dans la zone adéquate du corps, mais chez les animaux porteurs, c’est une autre histoire…..

Tout emploi de vermifuge contenant de l’Ivermectine par exemple est donc déconseillé. De même, des traitements antivomitifs ou antidiarrhéiques peuvent être particulièrement dangereux. Dans les cas les plus extrêmes (en fonction de la dose et du statut de l’animal), après l’administration d’un médicament à risque, l’animal peut ainsi présenter un syndrome neurodépresseur pouvant conduire au coma ou à la mort par dépression respiratoire !!

On comprend donc aisément que pour les races à risques (Colley, Berger Australien, Shetland, Berger Blanc Suisse, Bobtail, Border Collie, Berger Allemand) ET LEURS CROISEMENTS, il est nécessaire de connaitre le plus tôt possible dans la vie de l’animal le statut de celui-ci pour adapter si besoin les traitements choisis !     

Races à risque

Et donc, comment savoir si mon animal est porteur de l’anomalie ??

Le gène MDR1 est génétique donc si aucune recherche n’a été faite sur les parents, il faudra tester votre poilu.

Le test

La procédure :

Rien de bien compliqué à ça : on prélèvera des cellules de la paroi buccale en frottant -durant une vingtaine de secondes environ- l’intérieur de la joue avec une brossette. Celle-ci est ensuite envoyée dans un laboratoire de test génétique capable de rechercher ce gène et de définir s’il est présent sous sa forme mutée ou non, de façon homozygote ou hétérozygote.

Pour effectuer cette recherche, il sera nécessaire de faire figurer le numéro d’identification de votre animal afin de lui attribuer de façon indiscutable son statut. Il n’est pas nécessaire de refaire ce test au cours de sa vie, le résultat étant immuable. A ce jour, ce test coûte environ 75€. Alors, n’hésitez-pas, contactez-nous pour un RDV!

Voilà en image la réalisation d’un frottis buccal : rien de bien difficile, et surtout absolument indolore !!

Les différents résultats :

Comment lire le résultat du test génétique de mon chien?

Chaque être vivant est porteur de 2 copies de chaque gène (un sur chaque chromosome constituant une paire). Les 2 copies peuvent donc être :

*saines : ouf, l’animal n’est pas atteint de la moindre anomalie, il est dit HOMOZYGOTE SAIN (MDR1+/+) !

*différentes : une copie saine et une copie anormale ; les 2 gènes sont responsables de la production de glycoprotéines-P dont la moitié est fonctionnelle et l’autre moitié dysfonctionnelle. L’animal est dit HÉTÉROZYGOTE  (MDR1+/-).

*anormales : aïe, aucune des 2 copies n’est capable de donner les bonnes informations pour produire des glycoprotéines-P fonctionnelles, il est dit HOMOZYGOTE MUTÉ (MDR1-/-).

Donc, statistiquement, une moitié des molécules circulantes (ivermectine) peut se retrouver dans une zone inappropriée. La situation est donc moins épineuse que lorsque l’animal est homozygote muté. Néanmoins, la présence, même d’une seule copie de ce gène, doit inciter à la plus grande prudence.      

Fonctionnement de la glycoprotéine P

Si vous ne souhaitez pas réaliser ce dépistage, toutes les molécules potentiellement à risque seront exclues des plans de traitement pour votre compagnon. Néanmoins, sachez que dans la prise en charge de certaines maladies, il n’existe pas beaucoup d’alternatives thérapeutiques ! Cela rend donc l’exercice complexe !

La génétique

Tous les races à risque ne sont heureusement pas porteuses de cette anomalie génétique, mais il est bon de le savoir rapidement, dès que vous adoptez un chiot par exemple.

La lignée peut renseigner suffisamment pour avoir la réponse instantanément. En effet, si les 2 parents sont homozygotes sains, tous les chiots nés de ce mariage seront également homozygotes sains. Par contre, si les 2 parents sont homozygotes mutés, tous les chiots seront eux même porteurs de cette mutation sur les 2 exemplaires du gène ! Ce type de mariage doit donc être à tout prix à proscrire pour ne pas faciliter la dissémination de cette mutation.

Si l’un ou les 2 parents sont porteurs de l’anomalie (en étant homozygote ou hétérozygote), ce sera une histoire de statistiques ! Mais une partie de la descendance sera porteuse d’une voire des 2 copies anormale(s) de ce gène. Même si ce type de mariage est « moins risqué », il faudra évaluer la balance risque/bénéfice.

Probabilité génotype chiots

Si vous voulez en savoir encore plus, n’hésitez pas à consulter cet article particulièrement complet : http://www.collie-online.com/colley/mdr1/

Et si le format vidéo vous attire plus, c’est par là !

Cet article a été publié le 19 avril 2024

Une réponse à “Mon chien est-il atteint d’une mutation du gène MDR-1 ??”

  1. Bernard Mandeville dit :

    Merci beaucoup pour toutes ces informations très intéressantes

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