La Dermatite Atopique Canine (DAC)

Au secours, mon chien/mon chat se gratte !!! Savez-vous que c’est le principal motif de consultation en médecine vétérinaire ??? Et oui, si vous pensiez être les seuls à avoir un chien/un chat qui se gratte, et bien détrompez-vous, votre poilu n’est pas un cas isolé !!

Cependant, bien que cela soit très fréquent, les causes de ces démangeaisons (ou prurit) sont très variées, et il n’est pas toujours facile de les déterminer avec précision.

Ce sont parfois simplement les puces qui, de retour à cette saison, provoquent ces gratouilles… Mais il se peut aussi que votre poilu souffre de Dermatite Atopique Canine (ou DAC), que l’on pourrait rapprocher de l’eczéma de l’Homme, et qui est une pathologie beaucoup plus complexe à prendre en charge que la pulicose (prurit lié aux puces) !

Vous voulez en savoir plus ??? Lisez notre nouvel article sur ce sujet !! (et n’oubliez pas de bien traiter votre poilu contre les parasites externes, source de très nombreux désagréments !!)

La Dermatite Atopique Canine est une maladie cutanée, qui, si elle ne met pas en jeu le pronostic vital de l’animal, est néanmoins très invalidante. Voir son chien se gratter à longueur de journée (et de nuit parfois !!) est difficilement supportable, et on peut aisément imaginer la souffrance et la fatigue induites par ce prurit pour votre compagnon.

A l’occasion de la sortie du livre « 100 questions, la dermatite atopique » écrit par le Dr vétérinaire Pascal Prélaud aux Editions Poulot, voici quelques clés pour mieux comprendre et mieux prendre en charge cette maladie si votre poilu en souffre ! Et, si le chien est particulièrement sujet à cette maladie, vous verrez que les chats ne sont malheureusement pas épargnés !

Quelques explications

La dermatite atopique est une maladie d’origine génétique : la peau de l’animal atteint n’a pas la conformation idéale, et ne remplit pas correctement son rôle de barrière. L’eau s’évapore plus facilement, elle se déshydrate donc plus vite. Parallèlement à ça, les allergènes peuvent pénétrer beaucoup plus facilement et provoquer des démangeaisons.

C’est une maladie chronique : on ne sait pas la guérir, mais on peut la maitriser, et limiter les poussées aigües, tant en intensité qu’en fréquence.

C’est également une maladie qui s’auto-aggrave si la crise aigüe n’est pas rapidement prise en charge : lorsqu’un animal se gratte, il s’inflige des blessures cutanées qui sont à l’origine d’une inflammation elle-même extrêmement prurigineuse. Le chien se gratte alors encore plus et la situation se détériore, parfois très rapidement !!! De plus, ces blessures sont autant de portes d’entrée pour tous les pathogènes présents à la surface de la peau, d’où une aggravation encore plus rapide de la situation !!

Voici quelques éléments pour reconnaitre la DAC : votre chien va avoir la peau sèche, les lésions observées sur la peau sont rouges et chaudes ; parfois des boutons ou des pustules apparaissent, la peau est épaissie et suinte. Toutes ces lésions sont particulièrement localisées au ventre, dans les plis (aisselle ou creux de la cuisse), mais aussi entre les doigts, sur la face et les oreilles.

Vous l’aurez compris, cette maladie nécessite que vous soyez extrêmement attentif. Votre chien ne pourra malheureusement pas guérir, mais il est possible de lui offrir un confort de vie presque parfait !!

Au moindre signe d’alerte, vous devez venir rapidement en consultation et traitez votre animal comme prescrit par le vétérinaire. Dans un second temps, lorsque vous avez un peu plus l’habitude, vous serez capable de mettre en place les traitements adéquats prescrits par le vétérinaire. En effet, il est tout à fait envisageable que vous ayez le traitement de fond ainsi que le traitement pour les crises aigües à la maison : vous pourrez ainsi ajuster au mieux au quotidien, et ne venir consulter que tous les 3 ou 6 mois pour faire le point avec l’équipe.

La prise en charge de la DAC

La dermatite atopique est probablement l’une des maladies pour laquelle le traitement doit être individualisé, et modifié régulièrement au cours de la vie du chien. En effet, chaque animal réagit de façon très différente, en fonction de son environnement, de son stress, de l’âge du diagnostic, de l’intensité des crises etc etc..

En résumé, ne soyez pas surpris si le chien de vos amis ou d’un autre membre de la famille a reçu le même diagnostic mais n’est pas du tout traité de la même façon !! De même, ne calquez pas le traitement prescrit pour un autre poilu sur le vôtre, et n’automédiquez pas votre compagnon avec des traitements de médecine humaine notamment !!

Le traitement de fond

Le traitement peut, pour certains chiens, ne faire appel qu’à des traitements d’hygiène au quotidien.

> Dans tous les cas, il faut que vous soyez extrêmement rigoureux sur le traitement des parasites externes (puces notamment) : le traitement doit être mis en place TOUTE l’année, même en hiver !!

> Il faut également que votre chien ait une peau saine. Pour cela, il faut absolument proscrire les shampooings parfumés ou pour humains. Des shampooings vétérinaires, spécifiques, permettront d’hydrater la peau, de renforcer la barrière lipidique et ainsi éviter des réactions inflammatoires trop explosives lors des périodes de crise. Pour optimiser leur efficacité, ces shampooings doivent poser suffisamment longtemps pour que les principes actifs aient le temps d’agir, puis être convenablement rincés.

> Il peut être utile d’hydrater cette peau qui est souvent trop sèche. Des émollients peuvent être utilisés, sous forme de spray par exemple.

> La prise orale d’acides gras essentiels, reconnus pour leurs propriétés anti-inflammatoires sur la peau, est sur certains animaux d’une grande aide. Ils permettent à la peau de retrouver toutes ses propriétés de barrière protectrice.

> Enfin, pour certains animaux, une alimentation spécifique peut être prescrite : alimentation hypoallergénique ou contenant des matières premières reconnues pour leur effet bénéfique sur la peau, ce point sera systématiquement abordé avec vous si vous présentez votre chien en consultation pour des démangeaisons !

Il est parfois nécessaire d’associer en plus de ces traitements un médicament spécifique pour la prise en charge du prurit présent dans l’atopie. Sous forme d’injections réalisées à la clinique ou pris par voie orale pour d’autres, ils sont parfois la clé pour que votre poilu ne se gratte plus !!

Tous ces traitements peuvent être entrepris seuls ou ensemble et toutes les combinaisons sont possibles. Rappelez-vous, la prise en charge est individu dépendant !!

Le traitement de crise

Lors de crises, il faudra ajouter d’autres traitements : en fonction du diagnostic lors de la consultation, on pourra ajouter des médicaments antibiotiques et/ou antifongiques notamment, ainsi que des traitements antiprurigineux. La vétérinaire pourra également vous faire modifier la fréquence de prise des traitements que vous utilisez pour le traitement de fond, afin de passer cet épisode de la meilleure manière.

Elle reverra également avec vous le traitement de fond pour être sûr qu’il est toujours adapté à la situation : il ne correspond peut-être plus exactement à ce dont la peau de votre animal a besoin au quotidien pour être la plus résistante possible !

Ça existe chez le chat ???

Malheureusement, nos matous ne sont pas épargnés par cette maladie, mais elle prend une forme un peu différente.

Le diagnostic exact est cependant un peu plus compliqué car la distribution des lésions est un peu différente de ce que l’on observe chez le chien. En effet, le chat présentera plutôt des démangeaisons sur le cou et la face (prurit cervico-facial), ou sur le bas du dos.

Par ailleurs, le chat développe d’emblée des symptômes très violents avec des crises de démangeaisons et des lésions extrêmement marquées, et il est parfois assez difficile de stabiliser la situation, ce qui en fait une maladie particulièrement redoutable.

Les traitements utilisés sont les mêmes que chez le chien : il faut être très vigilant (peut-être même encore plus que pour le chien !!) à la régularité de l’application du produit antipuces, et on privilégiera une forme orale pour éviter de solliciter la peau avec des traitement type pipettes. La qualité de l’alimentation est également un point à surveiller : une alimentation premium, contenant notamment des omégas 3 et 6, ainsi que des matières premières de très bonne qualité est indispensable. Enfin, le brossage fréquent du pelage permettra de bien aérer la peau. L’utilisation de shampooing serait sans doute bénéfique, mais semble beaucoup plus difficile à mettre en place sans craindre que votre matou ne vous déteste à jamais😉!!

L’arsenal de traitement pour lutter contre les démangeaisons est par contre plus restreint chez le chat que chez le chien. Il sera sans doute développé dans les années à venir, mais il est certain que cette maladie est encore assez floue chez le chat : à l’heure actuelle, il n’a pas été mis en évidence de prédisposition génétique ou de défaut de la barrière cutanée comme chez le chien.

Vous l’aurez compris, la meilleure défense étant l’attaque, nous ne pouvons que vous recommander de mettre en place, dès le plus jeune âge de votre animal, chien comme chat, différentes mesures d’hygiène qui favoriseront la bonne santé de sa peau. De cette façon, on espère que ces démangeaisons n’apparaitront jamais ! Un bon traitement contre les parasites externes, appliqué régulièrement toute l’année, une alimentation de qualité adaptée, et une bonne hygiène cutanée devraient lui permettre d’avoir une belle peau bien costaud et jouant parfaitement son rôle de barrière protectrice !

Et si vous souhaitez un petit résumé en vidéo de cet article, écoutez le Dr Cochet Faivre, vétérinaire et enseignante en dermatologie à l’Ecole nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort : Mieux comprendre la dermatite atopique chez les chiens et chats – Bing video