Les examens complémentaires : l’analyse urinaire

Beaucoup de maladies ne se diagnostiquent pas seulement avec un examen clinique, nous vous en avions déjà parlé en février 2022, en faisant un focus sur « l’analyse de sang ». 

Dans cette nouvelle newsletter, nous voulions vous parler d’un autre examen complémentaire, réalisé assez fréquemment à la clinique vétérinaire. Il s’agit de l’analyse urinaire

Cet examen, bien qu’assez simple, est très riche en informations et permet dans certaines maladies de diagnostiquer de façon certaine ce dont souffre votre compagnon ou encore de suivre l’évolution de sa pathologie (aggravation comme guérison). C’est également l’examen de choix pour objectiver une PUPD (PolyuroPolydipsie), c’est-à-dire une production trop importante d’urines liée à une prise de boisson augmentée (ou inversement) ; ce syndrome peut être particulièrement difficile à mettre en évidence chez les animaux vivant beaucoup à l’extérieur.

Contrairement aux analyses de sang, l’analyse des urines ne requiert pas nécessairement de matériel très complexe, ou d’automates très coûteux. Par contre, le prélèvement urinaire peut être parfois un peu particulier, et nécessiter une tranquillisation de l’animal par exemple.  

Prêt pour quelques explications sur cet examen complémentaire ?? C’est parti !!

Comment réalise t’on le prélèvement ?

Prélèvement lors d’une miction :

Le prélèvement peut se faire de différentes manières, la façon la plus simple étant de faire uriner l’animal dans un flacon… Bien plus facile à dire qu’à faire !!!

Certains chiens peuvent facilement se prêter à cette « manipulation », lors d’une balade par exemple. N’hésitez pas à vous munir d’une paire de gants, vous risquez d’avoir un peu d’urines sur les mains !! 

Pour garantir un peu plus de réussite, il existe des kits de prélèvements très pratiques. Nous avons choisi à la clinique le kit « Dog-i-noir » : celui-ci contient une paire de gants, un flacon, et surtout une petite « pelle », permettant de récupérer les urines et de les faire couler dans le flacon. Le kit est adapté autant aux mâles qu’aux femelles. Petite démonstration en vidéo !!

https://www.youtube.com/@dog-i-noir6824

Le saviez-vous ? Certaines maladies du chien peuvent être transmises à l’Homme (ce sont des zoonoses). Parmi celles-ci, on peut notamment citer la leptospirose, dont l’agent pathogène, les bactéries du groupe des leptospires, sont transmises par les urines. En cas de suspicion, il ne faut pas être en contact avec celles-ci !

Vous vous en doutez, chez les chats, ce n’est pas tout à fait pareil… En effet, peu de chats se prêtent à cet exercice, la plupart étant très pudiques lorsqu’il s’agit d’aller dans la litière !!

L’utilisation d’un kit de prélèvement est, dans cette espèce, quasi indispensable. Le kit « Catrine » nous semble particulièrement efficace et facile à mettre en place. Il contient une pipette, un tube fermé, et une litière très spéciale, composée de grains de plastiques non absorbants : vous pouvez ainsi remplacer la litière habituelle de votre chat par celle-ci, et pipeter les urines dès qu’il/elle se sera rendu dans son bac !!

Ces méthodes non invasives sont très confortables pour l’animal, mais ne peuvent garantir une récolte stérile.

Prélèvement des urines dans la vessie :

En fonction du type d’examen réalisé sur les urines, il sera parfois nécessaire de récolter ces urines directement dans la vessie, notamment lorsqu’il faut réaliser un examen cyto-bactériologique des urines (ECBU), pour lequel la stérilité du prélèvement est primordiale pour l’interprétation du résultat.

Tant chez les mâles que les femelles, et de la même façon chez les chats que chez les chiens, il est possible de réaliser une cystocentèse échoguidée. C’est la seule technique garantissant un prélèvement dans des conditions de stérilité optimales. Ce prélèvement, très impressionnant pour certains propriétaires mais totalement indolore pour l’animal, permet de ponctionner la vessie, directement au travers de la paroi abdominale, après localisation de cet organe grâce à une échographie.

La position sur le dos est parfois inconfortable pour Médor ou Félix, qu’il vaut mieux alors tranquilliser : en effet, ce prélèvement ne dure pas plus de quelques secondes, mais l’animal ne doit pas du tout bouger !!

Une autre façon de procéder consiste également à prélever ces urines grâce à une sonde. Cette technique est principalement utilisable chez les mâles, chez qui la sonde est introduite dans le pénis, et poussée jusqu’à la vessie.

Chez les chiens, ce prélèvement peut se faire très simplement en consultation.

Chez les chats, une anesthésie est nécessaire systématiquement !

Quelles conditions de prélèvements sont recommandées ?

Stress ?

La réalisation du prélèvement dans le calme et sans stress pour l’animal est toujours appréciable, tant pour lui que pour vous !! Il n’est cependant pas relevé de modifications notoires de la composition des urines en cas de stress majeur lors du prélèvement.

Néanmoins, et particulièrement chez les chats, la répétition de cet examen peut finir par être compliquée à réaliser dans de bonnes conditions. Une start-up française s’est penchée sur la question, et a mis au point une litière connectée, primée en 2020, au CES de Las Vegas !! L’intérêt majeur de cette innovation est la réalisation de prélèvements à la maison, dans l’environnement familier de votre poilu.

Voyez vous-même la démonstration !! Caremitou – litière connectée alliant confort et santé pour votre chat

Le matin, à jeun ?

De façon presque systématique, il vous est demandé de venir avec votre animal à jeun si un bilan sanguin doit être réalisé. Pour le prélèvement urinaire, il n’est en revanche pas nécessaire de retirer la gamelle de croquettes quelques heures avant.

Par contre, il peut être intéressant, surtout si vous prélevez les urines à la maison ou lors d’une balade, de privilégier les premières urines du matin, qui seront plus concentrées.

Cela demande donc un peu d’organisation, car il ne faudra pas oublier de venir déposer les urines rapidement à la clinique ensuite afin de réaliser les différentes analyses. En effet, il est recommandé de les faire dans les 30 minutes suivant le prélèvement. S’il vous est impossible de venir dans ce délai, vous devrez conserver les urines à 4°C (donc au frigo), pour nous les déposer plus tardivement. Dans ce cas, n’oubliez pas de préciser l’heure de la récolte lorsque vous viendrez à l’accueil de la clinique ! Attention : il faudra quand même impérativement déposer ces urines dans la journée !!

Quelles sont les analyses réalisées à la clinique ?

Nous effectuons de très nombreuses analyses qui peuvent être classées en différentes catégories :

La mesure de la densité urinaire

Cette analyse se réalise grâce à un réfractomètre. La densité des urines renseigne sur le fonctionnement du rein. Cette densité doit être comprise dans une fourchette bien particulière, différente chez le chien et le chat.

Si la densité urinaire de votre poilu se situe en dessous, cela signifie que le rein n’est pas capable de concentrer correctement ses urines. On rencontre cela notamment lors de maladies engendrant une PUPD (PolyUro PolyDipsie), comme l’insuffisance rénale chronique chez le chat.

Si la densité urinaire est trop importante, cela peut signer une déshydratation.

La bandelette urinaire

Comme chez les humains, quelques gouttes d’urines sont déposées sur une bandelette sur laquelle se trouvent plusieurs pastilles. Chacune a une couleur particulière, et change dans une gamme de couleur bien définie. La coloration de chaque pastille est comparée à un nuancier, et chaque paramètre est ainsi quoté. Cela permet notamment de dépister la présence de sucres dans les urines (en cas de diabète notamment, c’est la glycosurie), ou de sang qui ne serait pas macroscopiquement visible.

Le culot urinaire

L’analyse du culot se fait après centrifugation des urines de votre animal pendant quelques minutes. Cela permet de faire tomber les éléments lourds dans le fond du tube. La récolte de ces élements se fait avec une pipette, et la goutte est déposée sur une lame. Il ne reste plus qu’à regarder au microscope !!

On peut alors voir des cristaux (très fréquent chez les chats souffrant de cystite), des globules rouges, des spermatozoïdes chez les chiens mâles entiers, des bactéries…

Focus sur les cristaux et calculs urinaires.

Les cristaux urinaires sont une forme microscopique, alors que les calculs urinaires sont des formes macroscopiques. Lors de présence d’un calcul dans les voies urinaires, ce dernier n’est pas forcément composé des cristaux observés dans le culot urinaire de l’animal… et parfois même ne produit pas de cristaux !!

Donc, la présence de cristaux visibles sur un culot urinaire en quantité anormale doit être analysée. La plupart du temps, la prescription d’une alimentation spécifique permettra de les dissoudre et ainsi résoudre les symptômes liés à cette cristallurie (douleur à la miction, sang dans les urines, malpropreté etc). Si les signes cliniques nous laissent penser que des calculs sont présents, alors que l’analyse du culot urinaire n’est pas concluante, il faudra alors réaliser une radiographie ou une échographie de la vessie pour les visualiser. Il est souvent nécessaire ensuite de procéder à une cystotomie (intervention chirurgicale permettant d‘ouvrir la vessie pour extraire les calculs). Une alimentation particulière sera ensuite prescrite, afin que ces calculs ne se reforment plus!

L’ECBU

Cet examen n’est -la plupart du temps- pas fait dans les cliniques vétérinaires. Le prélèvement urinaire est envoyé dans un laboratoire qui va mettre en culture les urines récoltées pour observer la multiplication éventuelle de bactéries. L’étape suivante consiste à tester différents antibiotiques (c’est l’antibiogramme) sur ces bactéries, afin d’orienter le vétérinaire vers le traitement qui sera le plus efficace pour traiter votre poilu !

Conclusion

Vous l’avez lu, de très nombreuses analyses peuvent être réalisées sur un prélèvement urinaire. Et, si vous pensiez que la récolte de ces urines pouvait être un frein, nous espérons vous avoir démontré que ce n’est pas si compliqué que ça !! Donc, pourquoi s’en priver ???

Cet article a été publié le 6 mars 2023

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