Les 5 choses indispensables à savoir sur la rage
Vous en avez peut-être entendu parler : en quelques mois, en fin d’année 2023, la rage est réapparue par 2 fois sur le territoire français. Dans le premier cas, en octobre, la rage a touché une femme ayant séjourné dans un pays du Maghreb. Celle-ci est malheureusement décédée de la rage au CHU de Reims, 2 jours après son admission. Le deuxième cas a concerné un chien Border Collie de 4 mois, importé illégalement du Maroc le 16 décembre et qui est mort de la rage le 29 décembre dans le Var.
C’est pourquoi, dans cette nouvelle newsletter, nous avons souhaité mettre un coup de projecteur sur cette maladie, toujours d’actualité et systématiquement mortelle dès l’apparition des premiers symptômes.
I. La rage tue un homme toutes les 15 minutes dans le monde.
Ce chiffre, énorme, nous montre à quel point cette maladie est encore bien présente dans le monde ! Selon les derniers chiffres de l’OMS, ce sont donc environ 60.000 personnes qui meurent tous les ans de la rage. Les continents africains et asiatiques sont les plus touchés, mais l’Europe n’est pas épargnée, avec des cas dits « importés ». En effet, tous les cas de rage détectés en France sont liés à une morsure ou griffure de chien ou de chat dans un pays de ces zones du globe.
Toucher un animal et prendre le risque de se faire mordre ou griffer, importer en France un poilu de ces contrées, ou encore s’y rendre avec son animal de compagnie peut très vite tourner au drame !
Quelques explications s’imposent : le Lyssavirus responsable de la rage est un virus qui se dissémine dans l’organisme via les nerfs. Il est donc très difficilement détectable (en tout cas invisible lors d’une recherche sanguine) et peut évoluer très longtemps à bas bruit (jusqu’à un an chez l’homme). En outre, l’organisme infecté excrètera des virus via la salive bien avant que les premiers symptômes n’apparaissent. Bref, c’est un cocktail explosif qui impose une prise en charge immédiate et sérieuse de toute morsure ou griffure.
II. La rage est systématiquement mortelle dès l’apparition des premiers symptômes.
Les symptômes de la rage sont des symptômes d’ordre neurologique : méningite, trouble du comportement (agressivité notamment), hypersensibilité au bruit, problème de déglutition à cause de la paralysie des muscles oro-pharyngés… qui entraîneront systématiquement le décès de l’animal ou de l’homme atteint.
C’est pourquoi il est si important de ne jamais négliger la prise en charge d’une morsure : il faut immédiatement et longuement nettoyer au savon (au moins 15 minutes), faire beaucoup mousser et consulter un médecin -si la morsure concerne un humain- ou un vétérinaire -si elle concerne un animal-.
Les humains bénéficieront d’une prise en charge médicale avec vaccination en urgence, parfois administration d’immunoglobulines antirabiques ou d’anticorps monoclonaux, et une surveillance médicale accrue.
Pour les carnivores domestiques, s’ils sont correctement vaccinés, une surveillance s’impose. Néanmoins, (et c’est la bonne nouvelle !) le vaccin utilisé pour les chiens et les chats est particulièrement performant, et votre poilu est normalement bien protégé. Si vous voulez en avoir la preuve irréfutable en amont, il est possible de doser le taux d’anticorps présent dans l’organisme de votre poilu dès lors qu’il est vacciné. Si ce taux dépasse un certain niveau, il est dit protecteur.
III. 99% des cas de rage humaine sont dus à des chiens….
…Même si le lyssavirus de la rage touche tous les mammifères. Vaches, renard, chevaux, chèvres, chauve-souris, rongeurs, loups, porcs, gibier… sont autant d’espèces concernées, ainsi que les humains !
Cependant, ce sont surtout les animaux pourvus de crocs et de griffes qui permettent la circulation du virus, la transmission à d’autres individus et notamment à l’homme. En effet, cela permet de transpercer la peau et d’inoculer profondément le virus.
Après le contact traumatique, le virus circule par l’intermédiaire des nerfs, et gagne l’encéphale où il se multiplie. Dans un second temps, toujours pas l’intermédiaire des nerfs, il va rejoindre les glandes salivaires. Ainsi, via ce liquide biologique, il pourra être transmis au cours d’une morsure, d’une griffure, ou même si des projections de salive atteignent les muqueuses de l’œil ou de la bouche. La transmission se produit donc par contact direct entre la salive d’un animal infecté et les muqueuses ou lésion cutanée récente d’un autre individu sain.
IV. Le vaccin est le seul moyen de ne pas attraper la rage.
Vacciner son chien contre la rage est donc loin d’être anodin. Vous le protégerez ainsi d’une maladie 100% mortelle, mais cela permettra aussi qu’il ne participe pas au cycle de la transmission à d’autres animaux ou vous-même s’il devait être au contact d’un animal enragé !
Concernant les chats, leur vie très autonome est un facteur favorisant de la contamination : dorénavant à St Brévin et alentours, il n’est pas rare que votre Félix croise un renard par exemple lors de ses balades !
Concernant les chiens, beaucoup de rencontres peuvent se faire, et même si le toutou avec lequel Médor a joué vous a paru tout à fait inoffensif, rappelez vous que l’animal enragé excrète et transmet le virus alors qu’il ne présente pas encore de symptôme ! Il est donc nécessaire d’être tout le temps vigilant. Une vaccination bien menée est clairement un atout pour votre sérénité !
En résumé, n’hésitez pas à discuter de la vaccination contre cette maladie avec l’équipe vétérinaire !
V. L’objectif de l’ONU est d’éliminer la rage dans le monde en 2030.
L’approche « Une Seule Santé » (ou « One Health », LIEN article) est particulièrement nécessaire pour une prise en charge mondiale de cette zoonose, et ainsi essayer d’atteindre cet objectif ambitieux. Elle seule permet de garantir la collaboration entre tous les intervenants concernés afin de sensibiliser les populations et de mener des campagnes de vaccination de masse des chiens sur les territoires africain ou asiatique où la rage est encore endémique.
Dans ces zones, 40% des cas de rage enregistrés (et donc des décès) concernent des enfants âgés de 5 à 14 ans. Il est par ailleurs possible que le chiffre de 60.000 décès annuels soit sous-estimé, les décès et leurs causes n’étant pas toujours bien notifiés dans ces zones du globe.
C’est donc pour toutes ces raisons que la rage figure dans la feuille de route 2021-2030 de l’OMS pour lutter contre les maladies tropicales négligées (MTN). La vaccination des chiens et des chiots y est donc prioritaire, ainsi qu’une information complète des adultes comme des enfants sur le comportement des chiens et la manière de prévenir les morsures.
*
Vous avez des questions ? Vous voulez savoir s’il est nécessaire de vacciner votre animal, ou si sa vaccination est bien à jour ? Vous partez à l’étranger et vous voulez en savoir plus sur ce danger, la conduite à tenir pour votre animal ou vous-même, et les situations à risque ? N’hésitez pas à engager la discussion avec notre équipe, nous serons ravies de vous éclairer !